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vais. Il aura agi par boutade ; avez-vous pleuré devant lui ?

Mathilde.

Oh ! non, jamais !

Madame de Léry.

Vous avez bien fait ; il ne m’étonnerait pas qu’il en fût bien aise.

Mathilde.

Bien aise ? bien aise de me voir pleurer ?

Madame de Léry.

Eh ! mon Dieu, oui. J’ai vingt-cinq ans d’hier, mais je sais ce qui en est sur bien des choses. Comment tout cela est-il venu ?

Mathilde.

Mais… je ne sais…

Madame de Léry.

Parlez. Avez-vous peur de moi ? je vais vous rassurer tout de suite ; si, pour vous mettre à votre aise, il faut m’engager de mon côté, je vais vous prouver que j’ai confiance en vous et vous forcer à l’avoir en moi. Est-ce nécessaire ? je le ferai. Qu’est-ce qu’il vous plaît de savoir sur mon compte ?

Mathilde.

Vous êtes ma meilleure amie ; je vous dirai tout, je me fie à vous. Il ne s’agit de rien de bien grave ; mais j’ai une folle tête qui m’entraîne. J’avais fait à M. de Chavigny une petite bourse en cachette que je comptais lui offrir aujourd’hui ; depuis quinze jours, je le