Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/325

Cette page a été validée par deux contributeurs.

si connu, tout m’était si cher ! D’où vient que j’éprouve à cet aspect un charme plein d’inquiétude qui me ravit et me fait trembler ? Voilà la porte du jardin, et celle-ci !… J’ai fait bien du chemin pour venir y frapper ; à présent j’hésite sur le seuil. Hélas ! là est ma destinée ; là est le but de toute ma vie, le prix de mon travail, ma suprême espérance ! Comment va-t-elle me recevoir ? Que dira-t-elle ? Suis-je oublié ? Suis-je dans sa pensée ? Ah ! voilà pourquoi je frissonne ;… tout est dans ces deux mots, l’amour ou l’oubli !… Eh bien ! quoi ? Elle est là sans doute. Je la verrai, elle me tendra la main : n’est-elle pas ma fiancée ? n’ai-je pas la promesse de son père ? n’est-ce pas sur cette promesse que je suis parti ? n’ai-je pas rempli toutes les miennes ? Serait-il possible ?… Non, mes doutes sont injustes ; elle ne peut être infidèle au passé. L’honneur est dans son noble cœur, comme la beauté sur son visage, aussi pur que la clarté des cieux. Qui sait ? elle m’attend peut-être ; et tout à l’heure… Ô Carmosine !



Scène III


PERILLO, MAÎTRE BERNARD.
Maître Bernard.

Silence ! elle dort. Quelques heures de bon sommeil, et elle est sauvée.

Perillo.

Qui, monsieur ?