Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies III.djvu/323

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Dame Pâque.

Je le sais bien, mais ma fille est mon sang. Or, dans ces fêtes, je vous le demande, à qui peut-elle s’intéresser ? Qui doit-elle chercher dans la foule, si ce n’est les gens qu’elle connaît ? Et quel autre, parmi nos amis, quel autre que le beau, le galant, l’invincible ser Vespasiano ?

Maître Bernard.

À telle enseigne, qu’au premier coup de lance, il est tombé les quatre fers en l’air.

Dame Pâque.

Il se peut que son cheval ait fait un faux pas, que sa lance se soit détournée, je ne nie pas cela ; il se peut qu’il soit tombé.

Maître Bernard.

Cela se peut assurément ; il a pirouetté en l’air comme un volant, et il est tombé, je vous le jure, autant qu’il est possible.

Dame Pâque.

Mais de quel air il s’est relevé !

Maître Bernard.

Oui, de l’air d’un homme qui a son dîner sur le cœur, et une forte envie de rester par terre. Si un pareil spectacle a rendu ma fille malade, soyez persuadée que ce n’est pas d’amour. Allons, laissez-moi lui porter ceci.

Dame Pâque.

Faites ce que vous voudrez. Je vous préviens que j’ai invité ce chevalier à souper. Que votre fille ait faim ou