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pour me demander de l’or, comme votre marquis pour vous en donner.

Bettine.

Bonté divine ! perdez-vous la raison ?

Steinberg.

Non pas. Croyez-vous, s’il vous plaît, que je ne sache pas par cœur ces finesses, ces artifices de comédie, ces petites ruses de coulisse ? Supposer qu’on s’en va pour se faire retenir ! accompagner cela d’un présent bien solide, afin qu’on sente tout ce qu’on va perdre ! voilà qui est nouveau, voilà qui est merveilleux ! Mais il faudrait, pour n’y pas voir clair, n’avoir jamais mis le pied dans le foyer d’un théâtre, n’avoir jamais connu vos pareilles !

Bettine.

Mes pareilles, Steinberg ? — Vous voulez m’offenser. Vous n’y parviendrez pas, je vous en avertis, car ce n’est pas vous qui parlez. Si vos ennuis vous rendent injuste, le plus simple est d’en détruire la cause. Écoutez-moi. — Je n’ai pas, bien entendu, cent mille francs dans mon tiroir ; mais Filippo Valle, notre correspondant, les a pour moi. Il n’y a qu’à les faire prendre à la ville, et vous les aurez dans une heure.

Steinberg.

Je n’en veux pas.

Bettine.

Signons notre contrat ; dès cet instant, vous êtes mon mari.