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Steinberg.

Peut-être bien.

Bettine.

Quoi ! à Florence ? Mais Stéfani venait comme tout le monde. Souvenez-vous donc, j’avais une cour, j’étais reine alors, mon ami ; j’avais mes flatteurs et mes courtisans, voire mes soldats et mon peuple, ce brave parterre qui m’aimait tant, et à qui je le rendais si bien… Ingrat ! qui, seul dans cette foule, m’étiez plus cher que mes triomphes, et que j’ai appelé entre tous pour mettre ma couronne à vos pieds,… vous, Steinberg, jaloux d’un propos, fâché d’une visite que je reçois par hasard ! Allons, voyons, c’est une plaisanterie, convenez-en, un pur caprice, ou plutôt, tenez, je vous devine, c’est un prétexte, un biais que vous prenez pour me faire oublier ce que je voulais savoir et vous délivrer de mes questions.

Steinberg, s’asseyant.

Oh ! ma chère Bettine, vous êtes bien charmante, et moi je suis… bien malheureux.

Bettine.

Malheureux, vous ! près de moi ! Qu’est-ce que c’est ? Vite, dites-moi, de quoi s’agit-il ?

Steinberg.

J’ai tort, je me suis mal exprimé. Vous savez ce que c’est qu’un joueur ;… eh bien ! Bettine, c’est vrai, j’ai joué, et je suis rentré de mauvaise humeur ; mais