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Calabre.

J’ai quinze mille francs à moi, monsieur. Il me semble…

Steinberg.

Quinze mille francs ! La belle avance ! Écoute-moi ; mais sur ta vie, garde pour toi ce que je vais te dire. Il faut que je parte.

Calabre.

Vous, monsieur ! Est-ce bien possible ?

Steinberg.

Je n’ai pas autre chose à faire. Cet argent perdu, je ne l’ai pas ; il faut que je le trouve, et pour le trouver, il faut que j’aille à Rome ou à Naples. Je connais là quelques banquiers. Je partirai secrètement, je trouverai un prétexte.

Calabre.

Et madame, monsieur, madame ? Elle en mourra.

Steinberg.

Elle en souffrira. Crois-tu donc que je ne souffre pas moi-même ? C’est avec le désespoir dans l’âme que je m’éloigne de ces lieux ; mais, je le répète, il faut que je parte,… ou que je me donne la mort. Ainsi, que veux-tu ? Va dans ma chambre, appelle Pietro et Giovanni, prépare tout,… et pas un mot de trop. Tu enverras ensuite à la poste demander des chevaux pour ce soir.