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Je veux, en vous quittant, vous répondre en deux mots.
Vous vous imaginez que le duc vous délaisse :
Votre tort, c’est la crainte, et le sien, sa jeunesse.
Mon fils est vain, léger, frivole en ses discours ;
Mais, s’il aime jamais, il aimera toujours ;
Et c’est vous, j’en réponds, qu’il aimera, ma chère.
Rappelez-vous ceci, que vous dit une mère.
Elle l’embrasse.
Marton est là, je crois, je vais vous l’envoyer.

La duchesse.

Pas encore.

La maréchale.

Pas encore.Adieu donc.



Scène XIV


LA DUCHESSE, seule.

Pas encore.Adieu donc.Rester seule à veiller !
C’est mon rôle à présent. —
C’est mon rôle à présent. —Ah ! je me sens brisée.
Elle s’assoit sur un sofa.
Mon Dieu, quel triste jour ! ma force est épuisée.
Louison ne revient pas ; — que font-ils à ce bal ?
Singulier passe-temps que ce plaisir banal !
Déguiser son visage et sa voix, — pour quoi faire ?
Si ce qu’on dit est mal, autant vaudrait le taire.
S’il en est autrement, à quoi bon s’en cacher ?