Tu me connais assez pour ne t’y pas tromper.
Voici ma main ; oublie un instant de caprice.
Ah ! madame !
Le duc est cette nuit au bal de l’Opéra.
Je voudrais bien un peu voir ce qu’il y fera ;
Mais je suis malgré moi si triste et si maussade
Que je n’ai pas le cœur à cette mascarade.
Maintenant que les gens me viennent avertir,
Le courage me manque au moment de partir.
Vas-y, Louison ; veux-tu ?
Moi, madame ?
Prends ce domino-là, qui m’étouffe et me lasse.
Elle lui donne son domino et son masque.
Tâche d’entendre un peu, de beaucoup regarder.
Si tu vois le duc seul, tu pourras l’aborder,
L’intriguer au besoin, — sans qu’il te reconnaisse ;
Mais s’il est en conquête avec quelque déesse,
Du ciel de l’Opéra descendue un moment,
Tu me comprends, ma chère ? écoute seulement.
Se peut-il qu’à ce point ce bal vous inquiète ?