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Puis enfin, plus hardi, pas plus tard qu’à présent,
Du brillant que voici veut me faire présent.
Un diamant, à moi ! la chose est assez claire.
Hors de l’argent comptant, que diantre en puis-je faire ?
Je ne suis pas duchesse, et ne puis le porter.
Ainsi, tout simplement, monsieur veut m’acheter.
Voyons, me fâcherai-je ? — Il n’est pas très commode
De les heurter de front, ces tyrans à la mode,
Et la prison est là, pour un oui, pour un non,
Quand sur un talon rouge on glisse à Trianon.
Faut-il être sincère et tout dire à madame ?
C’est lui mettre, d’un mot, bien du chagrin dans l’âme,
Troubler une maison, peut-être pour toujours,
Et pour un pur caprice en chasser les amours.
Vaut-il pas mieux agir en personne discrète,
Et garder dans le cœur cette injure secrète ?
Oui, c’est le plus prudent. — Ah ! que j’ai de souci !
Ce brillant est gentil… et monseigneur aussi.
Je vais lui renvoyer sa bague à l’instant même,
Ici, dans ce papier. — Ma foi, tant pis s’il m’aime !



Scène II


LISETTE, LE DUC.
Le duc, à part.

Personne encore ici ? — L’on va souper, je croi.
C’est Lisette. — Elle écrit. — Bon ! c’est sans doute à moi.