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Salviati.

J’aime beaucoup ce brave prieur, à qui un propos sur sa sœur a fait oublier le reste de son argent. Ne dirait-on pas que toute la vertu de Florence s’est réfugiée chez ces Strozzi ? Le voilà qui se retourne. Écarquille les yeux tant que tu voudras, tu ne me feras pas peur.

Il sort.



Scène VI

Le bord de l’Arno.
MARIE SODERINI, CATHERINE.
Catherine.

Le soleil commence à baisser. De larges bandes de pourpre traversent le feuillage, et la grenouille fait sonner sous les roseaux sa petite cloche de cristal. C’est une singulière chose que toutes les harmonies du soir avec le bruit lointain de cette ville.

Marie.

Il est temps de rentrer ; noue ton voile autour de ton cou.

Catherine.

Pas encore, à moins que vous n’ayez froid. Regardez, ma mère chérie[1] ; que le ciel est beau ! Que tout cela est

  1. Catherine Ginori est belle-sœur de Marie ; elle lui donne le nom de mère, parce qu’il y a entre elles une différence d’âge très grande ; Catherine n’a guère que vingt-deux ans. (Note de l’auteur.)