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Valentin.

Vous le savez bien. Buvez donc. Quand vous retournerez ce billet cent fois, vous n’en tirerez pas deux paroles.

Van Buck.

Une telle demande faite à la bonne venue ! Un seul mot de réponse, et ce seul mot est « oui ! » — En vérité, ce « oui » trouble toutes mes idées ; je n’ai jamais rien vu de pareil à ce « oui ». Ma foi ! je te prenais pour un fou, et tout ce qu’il y a de bienséances au monde se révoltait en moi en voyant ton audace ; mais j’avoue que ce « oui » me bouleverse ; ce « oui » m’assomme, ce « oui » est plus qu’étrange, il est exorbitant, et si je n’étais pas ton oncle, je croirais presque que tu as raison.

La nuit commence.
Valentin.

Cela ne prouverait pas que vous eussiez tort. Eh ! garçon, une autre bouteille. Dans ce bas monde, chacun fait à sa guise. Qu’est-ce qu’un oui ou un non de plus ou de moins ? Tenez ! mon oncle, réconciliation : au lieu de sévérité, indulgence ; au lieu de colère, amourette ; au lieu de nous quereller, trinquons. — Ce « oui » qui vous offusque tant, n’est pas si niais, savez-vous ? Cette petite fille a de l’esprit, et même quelque chose de mieux ; il y a du cœur dans ce seul mot, je ne sais quoi de tendre et de hardi, etc.

(Suit la scène iii jusqu’à ces mots : « Moitié chair et moitié coton. »)

Valentin.

Allons ! mon oncle, à vos anciennes amours !

Van Buck.

Sais-tu que, pour une auberge de hasard, ce petit vin-là n’est pas mauvais ? J’avais besoin de cette halte. Je me sens tout ragaillardi.