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Cécile.

J’espère, du moins, que ma robe de noce ne sera pas mortellement belle.] Il me semble qu’on rôde autour de nous.

Valentin.

Non, tout se tait. N’as-tu pas peur ? Es-tu venue ici sans trembler ?

Cécile.

Pourquoi ? De quoi aurais-je peur ? Est-ce de vous, ou de la nuit ?

Valentin.

Pourquoi pas de moi ? qui te rassure ? Je suis jeune, tu es belle, et nous sommes seuls.

Cécile.

Eh bien ! quel mal y a-t-il à cela ?

Valentin.

C’est vrai, il n’y a aucun mal ; écoutez-moi, et laissez-moi me mettre à genoux.

Cécile.

Qu’avez-vous donc ? vous frissonnez.

Valentin.

Je frissonne de crainte et de joie, car je vais t’ouvrir le fond de mon cœur. Je suis un fou de la plus méchante espèce, quoique, dans ce que je vais t’avouer, il n’y ait qu’à hausser les épaules. [Je n’ai fait que jouer, boire et fumer depuis que j’ai mes dents de sagesse.] Tu m’as dit que les romans te choquent ; j’en ai beaucoup lu, et des plus mauvais. Il y en a un qu’on