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que je tremblais en écrivant cette lettre, et que j’ai souffert en t’attendant !

Cécile.

Pourquoi ne serais-je pas venue, puisque je sais que vous m’épouserez ?

Valentin se lève et fait quelques pas.

Qu’avez-vous donc ? qui vous chagrine ? Venez vous rasseoir près de moi.

Valentin.

Ce n’est rien : j’ai cru, — j’ai cru entendre, — j’ai cru voir quelqu’un de ce côté.

Cécile.

Nous sommes seuls : soyez sans crainte. Venez donc. Faut-il me lever ? ai-je dit quelque chose qui vous ait blessé ? votre visage n’est plus le même. Est-ce parce que j’ai gardé mon châle, quoique vous vouliez que je l’ôtasse ? [C’est qu’il fait froid ; je suis en toilette de bal. Regardez donc mes souliers de satin. Qu’est-ce que cette pauvre Henriette va penser ?] Mais qu’avez-vous ? vous ne répondez pas ; vous êtes triste. Qu’ai-je donc pu vous dire ? C’est par ma faute, je le vois.

Valentin.

Non, je vous le jure, vous vous trompez ; c’est une pensée involontaire qui vient de me traverser l’esprit.

Cécile.

Vous me disiez « tu » tout à l’heure, et même, je crois, un peu légèrement. Quelle est donc cette mauvaise pensée qui vous a frappé tout à coup ? Vous ai-je