Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/387

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La Baronne.

Et au milieu de ça, je n’ai pas de bougies ! Voyez donc un peu si Dupré est là.

L’Abbé.

Je pense qu’il s’occupe des sirops.

La Baronne.

Vous avez raison : ces maudits sirops, voilà encore de quoi mourir. Il y a huit jours que j’ai écrit moi-même, et ils ne sont arrivés qu’il y a une heure. Je vous demande si on va boire ça !

[L’Abbé.

Cet homme en blouse, madame la baronne, est quelque émissaire, n’en doutez pas. Il m’a semblé, autant que je me le rappelle, qu’une de vos femmes causait avec lui. Ce jeune homme d’hier est mauvaise tête, et il faut songer que la manière assez verte dont vous vous en êtes délivrée…

La Baronne.

Bah ! des Van Buck ? des marchands de toile ? qu’est-ce que vous voulez donc que ça fasse ? Quand ils crieraient, est-ce qu’ils ont voix ? Il faut que je démeuble le petit salon ; jamais je n’aurai de quoi asseoir mon monde.

L’Abbé.

Est-ce dans sa chambre, madame, que votre fille est enfermée ?

La Baronne.

Dix et dix font vingt ; les Raimbaut sont quatre ; vingt, trente. Qu’est-ce que vous dites, l’abbé ?