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et sincère ; j’ai été fausse et déloyale : je ne peux pas vous quitter ainsi.

Fortunio.

Je vous pardonne de tout mon cœur.

Jacqueline.

Non, vous souffrez, le mal est fait. Où allez-vous ? que voulez-vous faire ? comment se peut-il, sachant tout, que vous soyez revenu ici ?

Fortunio.

Vous m’aviez fait demander.

Jacqueline.

Mais vous veniez pour me dire que je vous verrais à ce rendez-vous. Est-ce que vous y seriez venu ?

Fortunio.

Oui, si c’était pour vous rendre service, et je vous avoue que je le croyais.

Jacqueline.

Pourquoi pour me rendre service ?

Fortunio.

Madelon m’a dit quelques mots…

Jacqueline.

Vous le saviez, malheureux, et vous veniez à ce jardin !

Fortunio.

Le premier mot que je vous aie dit de ma vie, c’est que je mourrais de bon cœur pour vous, et le second, c’est que je ne mentais jamais.