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en Dieu, à qui jamais… Ah ! je vous accuse, vous que j’aime plus que ma vie ! ô ciel ! vous ai-je fait un reproche ? Jacqueline, pardonnez-moi.

Jacqueline.

Calmez-vous, venez, calmez-vous.

Fortunio.

Et à quoi suis-je bon, grand Dieu ! sinon à vous donner ma vie ? sinon au plus chétif usage que vous voudrez faire de moi ? sinon à vous suivre, à vous préserver, à écarter de vos pieds une épine ? J’ose me plaindre, et vous m’aviez choisi ! ma place était à votre table, j’allais compter dans votre existence. Vous alliez dire à la nature entière, à ces jardins, à ces prairies, de me sourire comme vous ; votre belle et radieuse image commençait à marcher devant moi, et je la suivais ; j’allais vivre… Est-ce que je vous perds, Jacqueline ? est-ce que j’ai fait quelque chose pour que vous me chassiez ? pourquoi donc ne voulez-vous pas faire encore semblant de m’aimer ?

Il tombe sans connaissance.
Jacqueline, courant à lui.

Seigneur, mon Dieu ! qu’est-ce que j’ai fait ? Fortunio, revenez à vous.

Fortunio.

Qui êtes-vous ? laissez-moi partir.

Jacqueline.

Appuyez-vous, venez à la fenêtre ; de grâce, appuyez--