Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies II.djvu/307

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Fortunio.

Oui, j’y étais ; au nom du ciel ! ne dites pas un mot là-dessus.

Un silence.
Jacqueline.

Puisque vous savez tout, monsieur, il ne me reste maintenant qu’à vous prier de garder le silence. Je sens assez mes torts envers vous pour ne pas même vouloir tenter de les affaiblir à vos yeux. Ce que la nécessité commande, et ce à quoi elle peut entraîner, un autre que vous le comprendrait peut-être, et pourrait, sinon pardonner, du moins excuser ma conduite ; mais vous êtes malheureusement une partie trop intéressée pour en juger avec indulgence. Je suis résignée et j’attends.

Fortunio.

N’ayez aucune espèce de crainte. Si je fais rien qui puisse vous nuire, je me coupe cette main-là.

Jacqueline.

Il me suffit de votre parole, et je n’ai pas droit d’en douter. [Je dois même dire que, si vous l’oubliiez, j’aurais encore moins de droit de m’en plaindre. Mon imprudence doit porter sa peine. C’est sans vous connaître, monsieur, que je me suis adressée à vous. Si cette circonstance rend ma faute moindre, elle rendait mon danger plus grand. Puisque je m’y suis exposée, traitez-moi donc comme vous l’entendrez.] Quelques paroles échangées hier voudraient peut-être une expli-