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sible ou insouciant ? Elle n’en sait rien ; elle a besoin de lui, elle l’appelle, elle lui fait signe, elle ajoute une fleur à sa parure, elle parle, elle a mis sur une carte le bonheur de sa vie, et elle joue à rouge ou noir. Si elle s’était aussi bien adressée à Guillaume qu’à moi, que serait-il arrivé de cela ? Guillaume est un garçon honnête, mais qui ne s’est jamais aperçu que son cœur lui servît à autre chose qu’à respirer. Guillaume aurait été ravi d’aller dîner chez son patron, d’être à côté de Jacqueline à table, tout comme j’en ai été ravi moi-même ; mais il n’en aurait pas vu davantage ; il ne serait devenu amoureux que de la cave de maître André ; il ne se serait point jeté à genoux, il n’aurait point écouté aux portes ; c’eût été pour lui tout profit. Quel mal y eût-il eu alors qu’on se servît de lui à son insu pour détourner les soupçons d’un mari ? Aucun. Il eût paisiblement rempli l’office qu’on lui eût demandé ; il eût vécu heureux, tranquille, dix ans sans s’en apercevoir. Jacqueline aussi eût été heureuse, tranquille, dix ans sans lui en dire un mot. Elle lui aurait fait des coquetteries, et il y aurait répondu ; mais rien n’eût tiré à conséquence. Tout se serait passé à merveille, et personne ne pourrait se plaindre le jour où la vérité viendrait.

Il se rassoit.

Pourquoi s’est-elle adressée à moi ? Savait-elle donc que je l’aimais ? Pourquoi à moi plutôt qu’à Guillaume ? Est-ce hasard ? est-ce calcul ? Peut-être au fond se doutait-elle que je n’étais pas indifférent. M’avait-elle vu à