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Jacqueline.

C’est impossible ! il n’y faut pas songer.

Clavaroche.

Un rendez-vous dans un jardin n’est pas d’ailleurs un si gros péché. À la rigueur, si vous craignez l’air, vous n’avez qu’à ne pas descendre. On ne trouvera que le jeune homme, et il s’en tirera toujours. Il serait plaisant qu’une femme ne puisse[1] prouver qu’elle est innocente quand elle l’est.] Allons ! vos tablettes, et prenez-moi le crayon que voici.

Jacqueline.

Vous n’y pensez pas, Clavaroche ; c’est un guet-apens que vous faites là.

Clavaroche, lui présentant un crayon et du papier.

Écrivez donc, je vous en prie : « À minuit, ce soir, au jardin. »

Jacqueline.

C’est envoyer cet enfant dans un piège, c’est le livrer à l’ennemi.

Clavaroche.

Ne signez pas, c’est inutile.

Il prend le papier.

Franchement, ma chère, la nuit sera fraîche, et vous ferez mieux de rester chez vous. Laissez ce jeune homme se promener seul, et profiter du temps qu’il fait. Je pense, comme vous, qu’on aurait peine à croire

  1. Voir la note, p. 289.