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restez froide et incrédule ? Je ne puis faire passer en vous une étincelle du feu qui me dévore ? Vous niez même ce que je souffre quand je suis prêt à mourir devant vous ? Ah ! c’est plus cruel qu’un refus ! c’est plus affreux que le mépris ! L’indifférence elle-même peut croire, et je n’ai pas mérité cela.

Jacqueline.

Debout ! on vient. Je vous crois, je vous aime ; sortez par le petit escalier, revenez en bas, j’y serai.

Elle sort.
Fortunio, seul.

Elle m’aime ! Jacqueline m’aime ! elle s’éloigne, elle me quitte ainsi ! Non ! je ne puis descendre encore. Silence ! on approche ; quelqu’un l’a arrêtée ; on vient ici. Vite, sortons !

Il lève la tapisserie.

Ah ! la porte est fermée en dehors, je ne puis sortir ; comment faire ? Si je descends par l’autre côté, je vais rencontrer ceux qui viennent.

Clavaroche, en dehors.

Venez donc, venez donc un peu.

Fortunio.

C’est le capitaine qui monte avec elle. Cachons-nous vite et attendons ; il ne faut pas qu’on me voie ici.

Il se cache dans le fond de l’alcôve. — Entrent Clavaroche et Jacqueline.
Clavaroche, se jetant sur un sofa.

Parbleu ! madame, je vous cherchais partout ; que faisiez-vous donc toute seule ?