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Fortunio.

Oui. Voilà votre écrin, madame, et ce que vous avez demandé.

Jacqueline.

Vous êtes homme de parole, et je suis contente de vous.

Fortunio.

Comment vous dire ce que j’éprouve ? Un regard de vos yeux a changé mon sort, et je ne vis que pour vous servir.

Jacqueline.

Vous nous avez chanté, à table, une jolie chanson tout à l’heure. Pour qui est-ce donc qu’elle est faite ? Me la voulez-vous donner par écrit ?

Fortunio.

Elle est faite pour vous, madame ; je meurs d’amour, et ma vie est à vous.

Il se jette à genoux.
Jacqueline.

Vraiment ! je croyais que votre refrain défendait de dire qui on aime.

Fortunio.

Ah ! Jacqueline, ayez pitié de moi ; ce n’est pas d’hier que je souffre. Depuis deux ans, à travers ces charmilles, je suis la trace de vos pas. Depuis deux ans, sans que jamais peut-être vous ayez su mon existence, vous n’êtes pas sortie ou rentrée, votre ombre tremblante et légère n’a pas paru derrière vos rideaux, vous n’avez