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Clavaroche.

Voilà agir en digne mari ; je reconnais là maître André.

Maître André.

Capitaine, je vous salue. Voulez-vous dîner avec nous ?8 Nous avons aujourd’hui au logis une façon de petite fête, et vous êtes le bienvenu.

Clavaroche.

C’est trop d’honneur que vous me faites.

Maître André.

Je vous présente un nouvel hôte ; c’est un de mes clercs, capitaine. Hé ! hé ! cedant arma togæ. Ce n’est pas pour vous faire injure ; le petit drôle a de l’esprit ; il vient faire la cour à ma femme.

Clavaroche.

Monsieur, peut-on vous demander votre nom ? Je suis ravi de faire votre connaissance.

Fortunio salue.
Maître André.

Fortunio. C’est un nom heureux. À vous dire vrai, voilà tantôt un an qu’il travaillait à mon étude, et je ne m’étais pas aperçu de tout le mérite qu’il a. Je crois même que, sans Jacqueline, je n’y aurais jamais songé. Son écriture n’est pas très nette ; et il me fait des accolades qui ne sont pas exemptes de reproche ; mais ma femme a besoin de lui pour quelques petites affaires, et elle se loue fort de son zèle. C’est leur secret ; nous autres maris nous ne mettons point le nez là. Un hôte