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qui la regardent ; mais elle est connue du moindre pâtre qui chemine sur le coteau.

Jacqueline.

C’est un secret que j’ai à vous dire, et j’hésite par deux motifs : d’abord vous pouvez me trahir, et en second lieu, même en me servant, prendre de moi mauvaise opinion.

Fortunio.

Puis-je me soumettre à quelque épreuve ? Je vous supplie de croire en moi.

Jacqueline.

Mais, comme vous dites, vous êtes bien jeune. Vous-même, vous pouvez croire en vous, et ne pas toujours en répondre.

Fortunio.

Vous êtes plus belle que je ne suis jeune ; de ce que mon cœur sent, j’en réponds.

Jacqueline.

La nécessité est imprudente. Voyez si personne n’écoute.

Fortunio.

Personne ; ce jardin est désert, et j’ai fermé la porte de l’étude.

Jacqueline.

Non, décidément, je ne puis parler ; pardonnez-moi cette démarche inutile, et qu’il n’en soit jamais question.