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vous l’auriez vu plus d’une fois, les bras croisés, la plume à l’oreille, vous regarder tant qu’il pouvait.

Jacqueline.

Plaisantez-vous, mademoiselle, et pensez-vous à qui vous parlez ?

La Servante.

Un chien regarde bien un évêque, et il y en a qui disent que l’évêque n’est pas fâché d’être regardé du chien. Il n’est pas si sot, ce garçon, et son père est un riche orfèvre. Je ne crois pas qu’il y ait d’injure à regarder passer les gens.

Jacqueline.

Qui vous a dit que c’est moi qu’il regarde ? Il ne vous a pas, j’imagine, fait de confidences là-dessus.

La Servante.

Quand un garçon tourne la tête, allez ! madame, il ne faut guère être femme pour ne pas deviner où les yeux s’en vont. Je n’ai que faire de ses confidences, et on ne m’apprendra que ce que j’en sais.

Jacqueline.

J’ai froid. Allez me chercher un châle, et faites-moi grâce de vos propos.

La servante sort.
Jacqueline, seule.

Si je ne me trompe, c’est le jardinier que j’ai aperçu entre ces arbres. Holà ! Pierre, écoutez.

Le jardinier, entrant.

Vous m’avez appelé, madame ?