Oui, je le sais : César a vendu son ombre au diable ; cette ombre impériale se promène, affublée d’une robe rouge, sous le nom de Cibo.
Vous êtes la maîtresse d’Alexandre, songez à cela ; et votre secret est entre mes mains.
Faites-en ce qu’il vous plaira ; nous verrons l’usage qu’un confesseur sait faire de sa conscience.
Vous vous trompez, ce n’est pas par votre confession que je l’ai appris ; je l’ai vu de mes propres yeux : je vous ai vue embrasser le duc. Vous me l’auriez avoué au confessionnal que je pourrais encore en parler sans péché, puisque je l’ai vu hors du confessionnal.
Eh bien ! après ?
Pourquoi le duc vous quittait-il d’un pas si nonchalant, et en soupirant comme un écolier quand la cloche sonne ? Vous l’avez rassasié de votre patriotisme, qui, comme une fade boisson, se mêle à tous les mets de votre table ; quels livres avez-vous lus, et quelle sotte duègne était donc votre gouvernante, pour que vous ne sachiez pas que la maîtresse d’un roi parle ordinairement d’autre chose que de patriotisme ?