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ACTE I, SCÈNE I.

Maffio

Ô honte ! ô excès de misère ! S’il y a des lois à Florence, si quelque justice vit encore sur la terre, par ce qu’il y a de vrai et de sacré au monde, je me jetterai aux pieds du duc, et il vous fera pendre tous les deux.

Giomo

Aux pieds du duc ?

Maffio

Oui, oui, je sais que les gredins de votre espèce égorgent impunément les familles. Mais que je meure, entendez-vous, je ne mourrai pas silencieux comme tant d’autres. Si le duc ne sait pas que sa ville est une forêt pleine de bandits, pleine d’empoisonneurs et de filles déshonorées, en voilà un qui le lui dira. Ah ! massacre ! ah ! fer et sang ! j’obtiendrai justice de vous !

Giomo, l’épée à la main.

Faut-il frapper, Altesse ?

Le Duc.

Allons donc ! frapper ce pauvre homme ! Va te recoucher, mon ami : nous t’enverrons demain quelques ducats.

Il sort.
Maffio

C’est Alexandre de Médicis !

Giomo

Lui-même, mon brave rustre. Ne te vante pas de sa visite si tu tiens à tes oreilles.

Il sort.