Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/69

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



Scène II


[Un petit bois. André dans l’éloignement.]


Grémio, [assis sur l’herbe].

Hum ! hum ! je l’ai bien vu pourtant. Quel intérêt pouvait-il avoir à me dire le contraire ? Il faut cependant qu’il en ait un, puisqu’il m’a donné…

Il compte dans sa main.


quatre, cinq, six… : diable ! il y a quelque chose là-dessous. Non, certainement, pour un voleur, ce n’en était pas un. J’avais bien eu une autre idée : mais… oh ! mais c’est là qu’il faut s’arrêter. Tais-toi, me suis-je dit, Grémio ; holà ! mon vieux, point de ceci. Cela serait drôle à penser ! penser n’est rien : qu’est-ce qu’on en voit ? on pense ce qu’on veut.

[Il chante.

Le berger dit au ruisseau :
Tu vas bien vite au moulin.
As-tu vu, as-tu vu la meunière
Se mirer dans tes eaux ?

André, revenant.

Grémio, va remettre les brides à ces pauvres bêtes ; il faut reprendre notre voyage ; le soleil commence à baisser, nous aurons moins chaud pour revenir.]

Grémio sort.
André, seul, s’asseyant.

Point d’argent chez ce juif ! des supplications sans fin,