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vous passerez sans doute de souper, et elle croit que vous n’avez pas faim ; ainsi je vous souhaite une bonne nuit.

Elle ferme le guichet.
Rosemberg

Kalékairi ! écoute donc un peu ! écoute donc ! ma petite, viens me tenir compagnie !… Est-ce que je serais pris au piège ? voilà qui a l’air sérieux ! Passer la nuit ici ! sans souper ! et justement j’ai une faim horrible ! Combien de temps va-t-on donc me laisser ici ? Assurément cela est sérieux. Mort et massacre ! feu ! sang ! tonnerre ! exécrable Barberine ! misérable ! infâme ! bourreau ! malédiction ! Ah ! malheureux que je suis ! me voilà en prison. On va faire murer la porte ; on me laissera mourir de faim ! c’est une vengeance du comte Ulric. Hélas ! hélas ! prenez pitié de moi !… Le comte Ulric veut ma mort, cela est certain ! sa femme exécute ses ordres. Pitié ! pitié ! je suis mort ! je suis perdu !… je ne verrai plus jamais mon père, ma pauvre tante Béatrix ! hélas ! ah ! Dieu ! hélas ! c’en est fait de moi !… Barberine ! madame la comtesse ! ma chère demoiselle Kalékairi !… Ô rage ! ô feu et flammes ! oh ! si j’en sors jamais, ils périront tous de ma main ; je les accuserai devant la Reine elle-même, comme bourreaux et empoisonneurs. Ah ! Dieu ! ah ! ciel ! prenez pitié de moi.

Barberine, ouvrant le guichet.

Seigneur, avant de me coucher, je viens savoir si vous avez filé.