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Barberine

Oui, mais ils sont bien tourmentants ;… il me faut aller aux champs toute la journée pour faire rentrer le maïs et les foins tardifs.

Rosemberg, à part.

Si elle me répond sur ce ton, cela va être bien peu poétique.

Barberine, de même.

S’il persiste dans ses compliments, cela pourra être divertissant.

Rosemberg

J’avoue, comtesse, qu’une chose m’étonne. Ce n’est pas de voir une noble dame veiller au soin de ses domaines ; mais j’aurais cru que c’était de plus loin.

Barberine

Je conçois cela. Vous êtes de la cour, et les beautés d’Albe Royale ne promènent pas dans l’herbe leurs souliers dorés.

Rosemberg

C’est vrai, madame, et ne trouvez-vous pas que cette vie toute de plaisir, de fêtes, d’enchantements et de magnificence, est une chose vraiment admirable ? Sans vouloir médire des vertus champêtres, la vraie place d’une jolie femme n’est-elle pas là, dans cette sphère brillante ? Regardez votre miroir, comtesse. Une jolie femme n’est-elle pas le chef-d’œuvre de la création, et toutes les richesses du monde ne sont-elles pas faites pour l’entourer, pour l’embellir, s’il était possible ?