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Premier courtisan

Tout le monde en prend à cette heure.

Rosemberg

Eh ! oui, c’est ce qui paraît. Beaucoup s’en mêlent, mais peu savent s’en tirer.

Deuxième courtisan

Vous en parlez avec sévérité.

Rosemberg

Combien de hobereaux ne voyons-nous pas, qui ne méritent pas seulement qu’on en parle, et qui ne s’en donnent pas moins pour de grands capitaines ! On dirait, à les voir, qu’ils n’ont qu’à monter à cheval pour chasser le Turc par delà le Caucase, et ils sortent de quelque trou de la Bohême, comme des rats effarouchés.

Ulric, s’approchant.

Seigneur, je suis le comte Ulric, gentilhomme bohémien, et je trouve un peu de légèreté dans vos paroles, qu’on peut pardonner à votre âge, mais que je vous conseille d’en retrancher. Être étourdi est un aussi grand défaut que d’être pauvre, permettez-moi de vous le dire, et que la leçon vous profite.

Rosemberg, à part.

C’est mon Bohémien de l’auberge.

Haut.

S’exprimer en termes généraux n’est faire offense à personne. Pour ce qui est d’une leçon, j’en ai donné quelquefois, mais je n’en ai jamais reçu.