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Ulric

Je vais voir votre oncle, ma chère. Pourquoi cette tristesse aujourd’hui ?

Barberine

C’est à vous qu’il faut le demander. Vous reviendrez bientôt, dites-vous ? S’il en est ainsi, je ne suis pas triste. Mais ne l’êtes-vous pas vous-même ?

Ulric

Quand le ciel est ainsi chargé de pluie et de brouillard, je ne sais que devenir.

Barberine

Mon cher seigneur, je vous demande une grâce.

Ulric

Quel hiver ! quel hiver s’apprête ! quels chemins ! quel temps ! la nature se resserre en frissonnant, comme si tout ce qui vit allait mourir.

Barberine

Je vous prie d’abord de m’écouter, et en second lieu de me faire une grâce.

Ulric

Que veux-tu, mon âme ? pardonne-moi ; je ne sais ce que j’ai aujourd’hui.

Barberine

Ni moi non plus, je ne sais ce que tu as, et la grâce que vous me ferez, Ulric, c’est de le dire à votre femme.

Ulric

Eh ! mon Dieu ! non, je n’ai rien à te dire, aucun secret.