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Le Marquis.

Eh quoi ! seule ici ?

Le secrétaire.

J’agis d’après les ordres du prince.

Le Marquis.

Monsieur, je vais donner les miens en conséquence ; me conformer en tout aux moindres volontés de Son Excellence est pour moi le premier, le plus sacré des devoirs. Ne dois-je pas pourtant avertir ma nièce ?

Le secrétaire.

Certainement.

Le Marquis.

Laurette !

Il lui parle à l’oreille. Un moment après, les masques se dispersent dans les jardins et laissent le théâtre libre. Le marquis et le secrétaire sortent ensemble.
Laurette, restée seule, tire le billet de Razetta de son sein, et lit.

« Les serments que j’ai pu te faire ne peuvent me retenir loin de toi. Mon stylet est caché sous le pied de ton clavecin. Prends-le, et frappe mon rival, si tu ne peux réussir avant onze heures sonnantes à t’échapper et à venir me retrouver au pied de ton balcon, où je t’attends. Crois que, si tu me refuses, j’entendrai sonner l’heure, et que ma mort est certaine. »

« Razetta. »
Elle regarde autour d’elle.

Seule ici !…

Elle va prendre le stylet.

Tout est perdu : car je le connais, il est capable de