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il ne restera plus autour des perdreaux ni choux ni carottes. [Ô sainte Église catholique !] Qu’on lui ait donné cette place hier, cela se concevait ; il venait d’arriver ; c’était la première fois, depuis nombre d’années, qu’il s’asseyait à cette table. Dieu ! comme il dévorait ! Non, rien ne me restera que des os et des pattes de poulet. Je ne souffrirai pas cet affront. Adieu, vénérable fauteuil où je me suis renversé tant de fois gorgé de mets succulents ! Adieu, bouteilles cachetées, fumet sans pareil de venaisons cuites à point ! Adieu, table splendide, noble salle à manger, [je ne dirai plus le bénédicité ! Je retourne à ma cure ;] on ne me verra pas confondu parmi la foule des convives, et j’aime mieux, comme César, être le premier au village que le second dans Rome.

Il sort.



Scène III


Un champ devant une petite maison.


Entrent ROSETTE et PERDICAN.


[Perdican.

Puisque ta mère n’y est pas, viens faire un tour de promenade.]

Rosette.

9Croyez-vous que cela me fasse du bien, tous ces baisers que vous me donnez ?