Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Maître Bridaine.

Laquelle ?

Le Baron.

Pendant le dîner, sans avoir l’air d’y toucher, — vous comprenez, mon ami, — tout en vidant quelques coupes joyeuses ; — vous savez le latin, Bridaine.

Maître Bridaine.

Ita ædepol, parbleu, si je le sais !

Le Baron.

Je serais bien aise de vous voir entreprendre ce garçon, — discrètement, s’entend, — devant sa cousine ; cela ne peut produire qu’un bon effet ; — faites-le parler un peu latin, — non pas précisément pendant le dîner, cela deviendrait fastidieux, et quant à moi, je n’y comprends rien ; — mais au dessert, — entendez-vous ?

Maître Bridaine.

Si vous n’y comprenez rien, monseigneur, il est probable que votre nièce est dans le même cas.

Le Baron.

Raison de plus ; ne voulez-vous pas qu’une femme admire ce qu’elle comprend ? D’où sortez-vous, Bridaine ? Voilà un raisonnement qui fait pitié.

[Maître Bridaine.

Je connais peu les femmes ; mais il me semble qu’il est difficile qu’on admire ce qu’on ne comprend pas.