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Elsbeth.

Viens, chère mère, il faut que je te parle.

Elle sort avec sa gouvernante.



Scène VI

LE PRINCE, MARINONI.
Le Prince.

Non, non, laisse-moi me démasquer. Il est temps que j’éclate. Cela ne se passera pas ainsi. Feu et sang ! une perruque royale au bout d’un hameçon ! Sommes-nous chez les barbares, dans les déserts de la Sibérie ? Y a-t-il encore sous le soleil quelque chose de civilisé et de convenable ? J’écume de colère, et les yeux me sortent de la tête.

Marinoni.

Vous perdez tout par cette violence.

Le Prince.

Et ce père, ce roi de Bavière, ce monarque vanté dans tous les almanachs de l’année passée ! cet homme qui a un extérieur si décent, qui s’exprime en termes si mesurés, et qui se met à rire en voyant la perruque de son gendre voler dans les airs ! Car enfin, Marinoni, je conviens que c’est ta perruque qui a été enlevée ; mais n’est-ce pas toujours celle du prince de Mantoue, puisque c’est lui que l’on croit voir en toi ? Quand je pense que si c’eût été moi, en chair et en os, ma perruque