Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Comédies I.djvu/243

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le Prince.

Oui, mon ami (je t’ai accordé ce titre) ; l’important projet que je médite est inouï dans ma famille ; je prétends arriver à la cour du roi mon beau-père dans l’habillement d’un simple aide de camp ; ce n’est pas assez d’avoir envoyé un homme de ma maison recueillir les bruits sur la future princesse de Mantoue (et cet homme, Marinoni, c’est toi-même), je veux encore observer par mes yeux.

Marinoni.

Est-il vrai, altesse ?

Le Prince.

Ne reste pas pétrifié. Un homme tel que moi ne doit avoir pour ami intime qu’un esprit vaste et entreprenant.

Marinoni.

Une seule chose me paraît s’opposer au dessein de votre altesse.

Le Prince.

Laquelle ?

Marinoni.

L’idée d’un tel travestissement ne pouvait appartenir qu’au prince glorieux qui nous gouverne. Mais si mon gracieux souverain est confondu parmi l’état-major, à qui le roi de Bavière fera-t-il les honneurs d’un festin splendide qui doit avoir lieu dans la galerie ?