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quart d’heure après ? » Ceci vaudrait mieux ; mais comment ? En aurai-je le courage ?

Si l’on disait : « Razetta, au moyen d’un déguisement, s’est d’abord introduit chez son infidèle ; » ensuite : « Au moyen d’un billet qu’il lui a fait remettre, et par lequel il l’avertissait qu’à telle heure… » Il me faudrait ici… de l’opium… Non ! point de ces poisons douteux ou timides, qui donnent au hasard le sommeil ou la mort. Le fer est plus sûr. Mais une main si faible ?… Qu’importe ? Le courage est tout. La fable qui courra la ville demain matin sera étrange et nouvelle.

Des lumières traversent une seconde fois la maison.

Réjouis-toi, famille détestée ; j’arrive ; et celui qui ne craint rien peut être à craindre.

Il met son masque et entre.
Une voix, dans la coulisse.

Où allez-vous ?

Razetta, de même.

Je suis engagé à souper chez le marquis.



Scène II

Une salle donnant sur un jardin. — Plusieurs masques se promènent.
LE MARQUIS, LE SECRÉTAIRE.
Le Marquis.

Combien je me trouve honoré, monsieur le secrétaire intime, en vous voyant prendre quelque plaisir à cette fête qui est la plus médiocre du monde !