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Marianne, seule, sortant de la maison.

Cela est certain ; je ne me trompe pas : j’ai bien entendu. Derrière la maison, à travers les arbres, j’ai vu des ombres, dispersées ça et là, se joindre tout à coup et fondre sur lui. J’ai entendu le bruit des épées, puis un cri étouffé, le plus sinistre, le dernier appel ! — Pauvre Octave ! Tout brave qu’il est (car il est brave), ils l’ont surpris, ils l’ont entraîné. — Est-il possible qu’une pareille faute soit payée si cher ? Est-il possible que si peu de bon sens puisse donner tant de cruauté ! Et moi qui ai agi si légèrement, si follement, par pur caprice ! — Il faut que je voie, il faut que je sache….


MARIANNE, OCTAVE, l’épée à la main.
Marianne.

Octave ! est-ce vous ?

Octave.

C’est moi, Marianne. Cœlio n’est plus !

Marianne.

Cœlio, dites-vous ? Comment se peut-il ?

Octave.

Il n’est plus !

Marianne.

Ô ciel !

Elle marche vers le jardin.
Octave.

Il n’est plus ! N’allez pas par là.

Marianne.

Où voulez-vous que j’aille ? Je suis perdue ! Il faut partir, Octave ; il faut fuir ! Claudio sûrement n’est pas dans la maison ?