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plus habitable, s’il n’y peut trouver ce bonheur nouveau, unique, infini que son cœur lui représente. »

Octave.

Ah ! çà, à qui en as-tu ?

Cœlio, lisant.

« Le paysan, l’artisan grossier, qui ne sait rien ; la jeune fille timide, qui frémit d’ordinaire à la seule pensée de la mort, s’enhardit, lorsqu’elle aime, jusqu’à porter son regard sur un tombeau. » — Octave ! la mort nous mène à Dieu, et mes genoux plient quand j’y pense. Bonsoir, mon cher ami.

Octave.

Où vas-tu ?

Cœlio.

J’ai affaire en ville ce soir.

Octave.

Tu as l’air d’aller te noyer. Cette mort dont tu parles, est-ce que tu en as peur, par hasard ?

Cœlio.

Ah ! que j’eusse pu me faire un nom dans les tournois et les batailles ! (Suit la tirade de la scène II entre Ciuta et Cœlio.)

Octave.

Voyons, Cœlio, à quoi penses-tu ? Il y a d’autres Mariannes sous le ciel. Soupons ensemble et moquons-nous de cette Marianne-là.

Cœlio.

Adieu, adieu. Je ne puis m’arrêter plus longtemps, je te verrai demain, mon ami.

Il sort.
Octave, seul.

Par le ciel ! voilà qui est étrange ! Ah ! voici Marianne qui