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Octave.

La mort ?

Cœlio.

Oui, l’amour et la mort.

Octave.

Qu’est-ce à dire ?

Cœlio.

L’amour et la mort, Octave, se tiennent la main. Celui-là est la source du plus grand bonheur que l’homme puisse rencontrer ici-bas ; celle-ci met un terme à toutes les douleurs, à tous les maux.

Octave.

C’est un livre que tu as là ?

Cœlio.

Oui, et que tu n’as probablement pas lu.

Octave.

Très probablement. Quand on en lit un, il n’y a pas de raison pour ne pas lire tous les autres.

Cœlio, lisant.

« Lorsque le cœur éprouve sincèrement un profond sentiment d’amour, il éprouve aussi comme une fatigue et une langueur qui lui font désirer de mourir. Pourquoi ? je ne sais pas[1]. »

Octave.

Ni moi non plus.

Cœlio, lisant.

« Peut-être est-ce l’effet d’un premier amour, peut-être que ce vaste désert où nous sommes effraye les regards de celui qui aime, peut-être que cette terre ne lui semble

  1. « Quando novellamente
    « Nasce nel cor profundo, » etc.

    Poésies de Leopardi.