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c’est un don fatal que la beauté ! — La sagesse dont elle se vante est sœur de l’avarice, et il y a plus de miséricorde dans le ciel pour ses faiblesses que pour sa cruauté. Bonsoir, cousine ; puisse Cœlio vous oublier !

Il entre dans l’auberge, Marianne dans sa maison.



Scène II

[Une autre rue.]
CŒLIO, CIUTA.
[Ciuta.

Seigneur Cœlio, défiez-vous d’Octave. Ne vous a-t-il pas dit que la belle Marianne lui avait fermé sa porte ?

Cœlio.

Assurément. — Pourquoi m’en défierais-je ?

Ciuta.

Tout à l’heure, en passant dans sa rue, je l’ai vu en conversation avec elle sous une tonnelle couverte.

Cœlio.

Qu’y a-t-il d’étonnant à cela ? Il aura épié ses démarches et saisi un moment favorable pour lui parler de moi.

Ciuta.

J’entends qu’ils se parlaient amicalement et comme des gens qui sont de bon accord ensemble.

Cœlio.

En es-tu sûre, Ciuta ? Alors je suis le plus heureux des hommes ; il aura plaidé ma cause avec chaleur.