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Laurette.

Mais que voulez-vous de moi ?

Razetta.

Je veux que vous veniez avec moi à Gênes.

Laurette.

Comment le pourrais-je ? Ignorez-vous que celle à qui vous parlez ne s’appartient plus ? Hélas ! Razetta, je suis princesse d’Eysenach.

Razetta.

Ah ! rusée Vénitienne, ce mot n’a pu passer sur tes lèvres sans leur arracher un sourire.

Laurette.

Il faut que je me retire… Adieu, adieu, mon ami.

Razetta.

Tu me quittes ? — Prends-y garde ; je n’ai pas été jusqu’à présent de ceux que la colère rend faibles. J’irai te demander à ton second père l’épée à la main.

Laurette.

Je l’avais prévu que cette nuit nous serait fatale. Ah ! pourquoi ai-je consenti à vous voir encore une fois !

Razetta.

Es-tu donc une Française ? Le soleil du jour de ta naissance était-il donc si pâle que le sang soit glacé dans tes veines ?… ou ne n’aimes-tu pas ? Quelques bénédictions d’un prêtre, quelques paroles d’un roi ont-elles changé en un instant ce que deux mois de supplice,… ou mon rival peut-être…