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Cœlio.

En ta qualité de parent, tu dois être reçu dans la maison.

Octave.

Suis-je reçu ? je n’en sais rien. Admettons que je suis reçu. À te dire vrai, il y a une grande différence entre mon auguste famille et une botte d’asperges. Nous ne formons pas un faisceau bien serré, et nous ne tenons guère les uns aux autres que par écrit. Cependant Marianne connaît mon nom. Faut-il lui parler en ta faveur ?

Cœlio.

Vingt fois j’ai tenté de l’aborder ; vingt fois j’ai senti mes genoux fléchir en approchant d’elle. [J’ai été forcé de lui envoyer la vieille Ciuta.] Quand je la vois, ma gorge se serre et j’étouffe, comme si mon cœur se soulevait jusqu’à mes lèvres.

Octave.

J’ai éprouvé cela. C’est ainsi qu’au fond des forêts, lorsqu’une biche avance à petits pas sur les feuilles sèches, et que le chasseur entend les bruyères glisser sur ses flancs inquiets, comme le frôlement d’une robe légère, les battements de cœur le prennent malgré lui ; il soulève son arme en silence, sans faire un pas, sans respirer.

Cœlio.

Pourquoi donc suis-je ainsi ? [n’est-ce pas une vieille maxime parmi les libertins, que toutes les femmes se ressemblent ?] Pourquoi donc y a-t-il si peu d’amours