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sent de murmurer sous les fenêtres de ma femme. Mais, patience ! tout n’est pas fini. — Écoute un peu de ce côté-ci : voilà du monde qui pourrait nous entendre. Tu m’iras chercher ce soir le spadassin que je t’ai dit.

Tibia.

Pour quoi faire ?

Claudio.

Je crois que Marianne a des amants.

Tibia.

Vous croyez, monsieur ?

Claudio.

Oui ; il y a autour de ma maison une odeur d’amants ; personne ne passe naturellement devant ma porte ; il y pleut des guitares et des entremetteuses.

Tibia.

Est-ce que vous pouvez empêcher qu’on donne des sérénades à votre femme ?

Claudio.

Non ; mais je puis poster un homme derrière la poterne, et me débarrasser du premier qui entrera.

Tibia.

Fi ! votre femme n’a pas d’amants. — C’est comme si vous disiez que j’ai des maîtresses.

Claudio.

Pourquoi n’en aurais-tu pas, Tibia ? Tu es fort laid, mais tu as beaucoup d’esprit.

Tibia.

J’en conviens, j’en conviens.