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L’auteur d’Emmeline n’avait pas publié une ligne de prose depuis trois ans, lorsqu’il consentit, pour contenter un éditeur qui lui témoignait de l’amitié, à écrire le Merle Blanc. Pensant faire une bagatelle sans importance, il composa un petit chef-d’œuvre d’allégorie fine et de critique innocente. Le même éditeur obtint de lui deux pièces de vers et, plus tard, l’historiette de Mimi Pinson, pour des publications illustrées. — Alfred de Musset ne se piquait pas d’un grand zèle pour le service de la garde nationale. On mit en prison le poète récalcitrant, et il rima gaiement sur sa captivité. — Le bon Nodier lui adressa des stances pleines de grâce et de jeunesse ; il fallut bien répondre à Charles Nodier. — Un jour Alfred de Musset et Victor Hugo se rencontrèrent par hasard et se donnèrent la main, comme si leurs dissentiments n’eussent jamais existé. Madame Hugo envoya son album à l’ancien habitué du Cénacle, qui s’empressa d’y inscrire un sonnet composé sur la rencontre de la veille et par lequel on voit combien cette réconciliation si facile lui avait touché le cœur. — À l’occasion du retour de son frère, qui revint d’Italie à la fin de 1843, il improvisa des couplets qui finirent par former un petit poème dans le même rythme que les Prigioni et les stances à Nodier. M. Véron, qui venait de prendre la direction d’un journal, s’entendait à faire travailler les paresseux ; il réussit à obtenir deux nouvelles en prose : Pierre et Camille et le Secret de Javotte. Sauf quelques chansons, c’est tout ce que produisit l’année 1844. Les reproches sur sa paresse lui devenant importuns, Alfred de Musset prit la fuite, au printemps

    qu’on prétendra retrouver de lui n’aura pas d’authenticité, si l’on n’en produit pas les autographes.