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grand problème l’avait bien souvent agité. Jamais il ne levait les yeux au ciel, pour contempler l’infini, sans éprouver une sorte de dépit

De ne pas le comprendre et pourtant de le voir.

Dans un moment d’enthousiasme, il répondit à tous les grands penseurs avec lesquels il venait de lutter par l’Espoir en Dieu.

Peut-être la fameuse combinaison politique des mariages espagnols fut-elle conçue en haut lieu plus tôt qu’on ne l’a dit. Alfred de Musset reçut en 1837 l’offre d’un poste d’attaché d’ambassade à Madrid. Son esprit, sa figure, son parfait usage du monde, le rendaient plus apte que bien d’autres à remplir un tel emploi, et il est probable que le prince royal lui-même avait désigné son ancien condisciple. Alfred objecta son peu de fortune ; on lui répondit qu’on y pourvoirait. Quelques années plus tôt cette proposition aurait pu le séduire ; mais, malgré sa jeunesse, il ne se sentit pas le courage de rompre les liens de famille, d’habitude et d’amitié qui l’attachaient à la vie parisienne. Son refus ne produisit aucun fâcheux effet, et il témoigna sa reconnaissance pour les bonnes intentions du prince royal, en publiant sur la naissance du comte de Paris une pièce de vers qui ne contient pourtant pas un seul mot de flatterie.

À la fin de l’année 1838, il y eut, comme Alfred l’écrivit un jour à sa marraine, un coup de vent favorable dans le monde des arts. Deux jeunes filles d’un génie extraordinaire se révélèrent en même temps. L’émotion causée par l’apparition de ces deux étoiles se communiqua rapidement parmi les esprits sincèrement voués au culte du beau.