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XXXIII

À SON FRÈRE.


Mon cher ami,

La comtesse Kalergis m’écrit une lettre de compliments sur Carmosine. Elle a bien de la bonté. Il ne tenait qu’à elle de me dire que les vers étaient incompréhensibles. Puisque tu vas dîner chez elle aujourd’hui, fais-moi le plaisir de lui expliquer les deux vers estropiés. Cette faute m’a donné bien du souci. Je n’aurais jamais cru qu’un point à la place d’une virgule pût empêcher un homme raisonnable de dormir pendant trois nuits. Il est bien fâcheux pour moi que nous ne demeurions plus ensemble. Cela ne serait pas arrivé au quai Voltaire, quand je t’avais sous la main. Mon oncle se moque de mon chagrin et prétend que personne ne s’apercevra de la bévue. S’il disait vrai, je conviens que je serais bien bête de me désoler ; mais je serais encore plus bête d’écrire.

Tout à toi.
Alf. M.
Vendredi (8 novembre 1850).