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XX

À SA MARRAINE.


Je remercie d’abord la plus petite de toutes de ne pas avoir oublié son ancienne coutume d’écrire à son fieux quand il pond. Rien n’est plus gentil et plus doux pour moi que ce bon petit écho. — Gardez-le-moi toujours, marraine, gardez-le-moi quand même. Un sentiment de ce genre-là doit être à l’abri de tout et console de bien des choses.

Le public a été à peu près de l’avis d’Uranie. Il a préféré, m’a-t-on dit, le côté sérieux de mes vers[1]. Peut-être a-t-il raison ; mais, au fond, quelle drôle de manie de vouloir faire de l’art et de la pédanterie à propos d’une boutade ! Il me semble que si les coudées franches sont permises quelque part, c’est dans les choses de ce genre. Mais, comme disait Liszt, le public est un cuistre.

Il faut que je vous raconte deux carambolages que le hasard vient de s’amuser à faire deux jours de suite aux Italiens (je veux dire au Théâtre-Italien).

Premier carambolage. Figurez-vous, marraine, que

  1. Les vers à Léopardi intitulés Après une lecture.