Page:Musset - Œuvres complètes d’Alfred de Musset. Œuvres posthumes.djvu/310

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XIII

À SA MARRAINE.


Si vous savez pourquoi vous répondez vite et bien, vous comprendrez aisément pourquoi je réponds tard et mal. Prenez d’abord votre bon sens, puis votre tranquillité, puis votre gaieté naturelle, votre farniente toujours occupé à propos, puis, que dirai-je ? tout ce qu’il y a en vous de bon et de toujours prêt. Retournez tout cela, comme on retourne son bas pour le mettre. Voilà ma position, comme dit un de mes amis. Soyez sûre que, quand je ne vous dis rien, ce n’est ni oubli, ni paresse, ni distraction ; mais c’est que je ne peux rien dire.

Merci d’abord de l’histoire musicale et dentifrice. Hélas ! marraine, ces riens charmants qui viennent de vous me sont bien chers. Ils me rappellent le temps où je savais jouir de toutes ces petites perles qui vous tombent des lèvres quand vous riez ou qui pendent au bout de votre plume à chaque goutte d’encre que vous prenez. Je perds tous les jours l’esprit qu’il faut pour être au monde.