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X

À SA MARRAINE.


Comment allez-vous, ma chère marraine, et que faites-vous ? J’ai besoin d’avoir de vos nouvelles d’une manière quelconque et de savoir ce que font ceux qui vivent. Je suis dans le moment le plus ennuyeux d’une maladie. J’ai le tort d’être guéri, ce qui fait qu’on ne me traite plus en malade, et en même temps, je ne suis pas encore de force à agir comme ceux qui se portent bien. Ma religieuse est partie, en sorte que je suis en tête-à-tête avec la vertu et le lait d’amande. Je ne m’ennuie pas, parce que je travaille ; mais j’ai un petit fonds de tristesse.

Sans compter cette bonne fille à laquelle je m’étais habitué, vous m’avez tant et si bien gâté, tous et toutes, pendant ma maladie, qu’il me prend des envies de me recoucher pour vous ravoir. J’ai pourtant, du reste, de grands sujets de tranquillité ; mes affaires qui me tracassaient s’arrangent lentement, mais elles s’arrangent. Mes projets de sagesse sont plus fermes que jamais. Il ne me manque qu’un peu plus de force et un rayon de soleil qui dégourdisse ce vilain temps.